ASTHME AIGU GRAVE
asthme
Fiche n° 14
Version n°5
20231129
DEFINITION
Dyspnée expiratoire aiguë par spasme et hypersécrétion des petites et moyennes bronches, souvent sifflante (sibilants), constituant une détresse respiratoire aiguë d’emblée.
Ce protocole s’applique à un asthmatique connu, traité ou non, ou à un patient présentant un syndrome asthmatiforme.
SITUATIONS
Habituellement chez un asthmatique connu, il s’agit d’une crise inhabituelle et/ou intense, ne répondant pas ou mal au traitement prescrit, par mauvaise observance du traitement habituel, ou lors d’un évènement intercurrent tel que :
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Exposition allergénique chez un allergique asthmatique.
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Surinfection bronchique et/ou ORL.
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Exposition à une atmosphère irritante.
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Prise de médicaments à risque chez un asthmatique (bêta bloquants, AINS, aspirine, …).
Cependant, il peut s’agir d’une crise inaugurale intense et aiguë :
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Chez un allergique connu, asthmatique ignoré.
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Lors d’une exposition à une atmosphère irritante ou toxique (gaz organique, vapeurs toxiques, exposition aux fumées d’incendie) (voir également protocole n°9 « intoxication par les fumées d’incendie »).
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Allergie médicamenteuse ou alimentaire sévère (signes associés : diarrhée, vomissements, réaction cutanée intense, œdème de Quincke et choc anaphylactique, …) (voir protocole n°13 « choc d’origine allergique »).
CONDUITE A TENIR - REALISATION
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Vérifier et compléter le bilan secouriste.
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Si consciente, laisser la victime au repos en position demi-assise, desserrer les vêtements.
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Vérifier l’administration d’OXYGENE BAVU prêt.
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Si exposition ambiante à un allergène connu ou un facteur favorisant, faire transporter la victime immédiatement hors de la zone, jusqu’au VSAV, si nécessaire avec déshabillage.
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Monitorage de la SpO2.
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Prise de mesure des paramètres vitaux toutes 5 minutes.
EXCLUSION chez l’adulte (> 12 ans) :
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Cardio-vasculaires : insuffisance cardiaque gauche (asthme cardiaque) ; embolie pulmonaire
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Tumorales : tumeurs trachéo-bronchiques ; médiastinales ; lymphangite carcinomateuse ; paralysie laryngée
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Dys-immunitaires et inflammatoires : poumons éosinophiles ; alvéolite allergique extrinsèque ; bronchiolite oblitérante ; sarcoïdose trachéo-bronchique ; polychondrite atrophiante ; maladie de Wegener ; amylose trachéo-bronchique ; sténoses trachéales post-intubation ou trachéotomie ; fistule trachéo- ou broncho-oesophagienne
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Congénitales : mucoviscidose ; dyskinésie ciliaire
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Systémiques : tumeurs carcinoïdes ; mastocytose systémique
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Fonctionnelles et autres : dysfonction des cordes vocales ; dyspnée sine materia ; corps étrangers
EXCLUSION chez l’enfant (<ou = 12 ans) :
De nombreuses pathologies peuvent simuler des manifestations d’asthme.
Il faut savoir repérer les signes devant lesquels un autre diagnostic que l’asthme doit être évoqué :
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(laryngomalacie), d’une inflammation laryngée et notamment de la margelle postérieure
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Obstruction des voies aériennes : Corps étranger inhalé ; Anomalie des arcs aortiques ; Kyste bronchogénique ; Dyskinésie trachéale ; Dyskinésie bronchique ; Sténose trachéal ; Sténose Bronchique ; Tumeur ; Adénopathies ;
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Obstruction des petites voies aériennes ; Mucoviscidose ; Dysplasie Bronchopulmonaire ; Dyskinésie ciliaire primitive Séquelle grave de virose (bronchiolite oblitérante) ; Cardiopathie congénitale (shunt gauche droit) ; Poumon éosinophile
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Reflux gastro œsophagien ; Fistule oeso-trachéale ; Troubles de la déglutition ; Dysfonction des cordes vocales
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SI SYNDROME ASTHMATIFORME :
Rechercher les SIGNES de GRAVITE : Mise en œuvre du protocole si au minimum 3 signes de gravité présents
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Crise intense ou inhabituelle ne cédant pas au traitement prescrit en cas de crise, rendant toute activité impossible.
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Notion d’antécédent d’hospitalisation (notamment réanimation) pour raisons similaires.
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Polypnée > 30/min (> 40 de 2 à 5 ans), sifflante au début.
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Si consciente, la victime cherche à rester assise, s’accrochant ou tentant de relever ses épaules.
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Sueurs.
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Cyanose.
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Tirage.
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Agitation, angoisse.
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Difficulté à parler, voix difficilement audible, jusqu’à impossibilité de parler.
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Impossibilité d’expectorer.
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Balancement thoraco-abdominal.
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FC > 120/min, voire > 140/min.
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Chute tensionnelle.
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SpO2 < 90%.
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(DEP < 150 l/min).
Puis :
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Epuisement physique.
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Disparition des bruits ventilatoires.
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Turgescence jugulaire avec collapsus périphérique.
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Troubles de conscience, coma.
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Bradypnée, bradycardie : stade ultime.
CONDUITE A TENIR - REALISATION
Réaliser un AEROSOL de béta-2 mimétique
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Adulte : Terbutaline (BRICANYL®) 1 unidose 5 mg/2ml pour nébulisation , en montant progressivement le débit d’oxygène jusqu’à 6-8 l/min.
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Enfant < 15 ans :
> 30 kg : Terbutaline (BRICANYL®) 1 unidose 5 mg/2ml pour nébulisation , en montant progressivement le débit d’oxygène jusqu’à 6-8 l/min.
Enfant et nourrisson < 30 Kg : 1/2 dose de Terbutaline (BRICANYL® 5mg/2ml) soit 1 ml (soit 2,5 mg/ml); en montant progressivement le débit d’oxygène à 6 l/min.
Si besoin, compléter la nébulisation avec du chlorure de sodium à 0,9% pour obtenir un volume total de 4 ml pour 15 min environ de nébulisation (épuisement de la solution).
REEVALUER L’ETAT de la victime.
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Poser une VVP (protocole 1) si aggravation du patient.
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Transmettre, via le CODIS un bilan au CRRA15.
(Tout sachet de Bricanyl ouvert est à jeter avec les dosettes ouvertes ou pas).
Renouveler un aérosol systématiquement à l'issue du 1er
Réaliser un AEROSOL de béta-2 mimétique associé à un anticholinergique :
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Si > 30 kg : Terbutaline (BRICANYL®) 1 unidose 5 mg/2ml + Ipratropium bromure (ATROVENT®) 1 unidose 0,5 mg/2ml pour nébulisation
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Enfant et nourrisson < 30 Kg : Terbutaline (BRICANYL®) ½ unidose = 2,5mg /1 ml + 1 Ipratropium bromure (ATROVENT enfant®) 1 unidose 0,25 mg/2ml pour nébulisation
Dans tous les cas compléter la nébulisation avec du chlorure de sodium 0,9% pour obtenir un volume total de 5 ml.
Si VVP en place :
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Metylprednisolone (SOLUMEDROL®) Flacon de 40 mg. Prélever 3 flacons dans une seringue de 10 ml soit 120 mg et compléter à 12 ml.
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Administrer 0,1ml/Kg soit 1 mg/Kg dans une poche de 100 ml de NaCl à 0.9% et injecter par voie IV sur 20 minutes.
N.B.: Si la victime s’épuise, ne pas hésiter à l’installer demi-assise soutenue dans le matelas à dépression.
Si la victime perd conscience, pratiquer les gestes secouristes qui s’imposent.
Transmettre, via le CODIS un bilan au CRRA15.
SURVEILLANCE jusqu’à relais
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L’objectif est de maintenir une SpO2 > 92%, et une hémodynamique stable, poursuivre l’oxygénothérapie (oxygène médicinal).
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Evaluation clinique permanente (Neurologique, Respiratoire, Cardiologique).
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Paramètres vitaux toutes les 5 minutes : FV ; FC ; PA ; SpO2
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Signaler toute modification de l’état de la victime par un bilan via le CODIS au CRRA15.
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Reporter tous les gestes et constantes mesurées sur la fiche bilan SSSM.
ALGORITHME DECISIONNEL