BRULURES GRAVES

(brulure)

​

Fiche n° 7

Version n°2

20170725

​

DEFINITION

 

La brûlure est une lésion tissulaire notamment provoquée par :

• La chaleur (liquides, vapeurs, gaz chauds, radiante, …).

• L’électricité.

• Irradiation.

 

Une brûlure est grave à partir de 15% de surface corporelle brûlée aux 2ème et 3ème degrés chez l’adulte, 10% chez l’enfant, et/ou s’il existe un facteur de gravité.

 

Les brûlures les plus fréquentes sont cutanées, associées ou non à des brûlures des voies aériennes et digestives.

Une brûlure étendue, profonde, ou localisée à la face peut entraîner une détresse vitale immédiate ou semi-retardée :

• Circulatoire par plasmorragie et évaporation et hypothermie.

• Ventilatoire par inhalation de gaz chauds éventuellement toxiques et de particules toxiques et obstructives (fumées d’incendie).

Une brûlure est quasiment toujours à l’origine de douleurs intenses, facteur aggravant.

 

On distingue 3 degrés de brûlures visibles :

• 1er degré : atteinte superficielle de l’épiderme

• Erythème douloureux.

• Douleur s’estompant rapidement.

• Cicatrisation en 4 jours.

• 2ème degré : atteinte du derme

• Superficiel :

• Phlyctènes, si excision : tissu rose-rouge, décolorable à la vitro pression.

• Douloureux à la pression.

• Primo-cicatrisation possible en 10 à 12 jours.

• Profond :

• Après excision des phlyctènes et squames brûlées (en milieu spécialisé) : tissu rouge violacé, sans décoloration à la vitro pression.

• Sensible.

• Primo-cicatrisation en 3 semaines, ou greffe nécessaire.

• 3ème degré : destruction totale de la peau

• Placards blanchâtres, bruns ou noirs, indurés.

• Insensible.

• Doit être greffé.

           

Hormis le 1er degré, il est fréquemment difficile de déterminer sur les lieux d’intervention le degré exact des brûlures (mosaïques de lésions, mécanismes combinés, …).

On évaluera alors les brûlures en :

 

• SURFACES CUTANEES BRÛLEES (SCB) (cf. fiche technique n°8)

• 1er degré : hors du calcul.

• 2ème et 3ème degrés cumulés.

 

• SIGNES DE GRAVITE :

• Etendue SCB          > 15% si > 15 ans, 

> 10% chez l’enfant < 15 ans.

• 2ème et 3ème degrés.

• Age < 15 ans ou > 70 ans.

• Brûlure circulaire, rétractile à court terme (cou, membres, organes génitaux).

• Atteinte cervico-faciale et ophtalmologique.

• Collapsus.

• Atteinte respiratoire (voix rauque, signes de détresse ventilatoire).

• Troubles de conscience.

• Présence de suies aux orifices respiratoires (bouche, narines).

• Lésions associées et intoxications.

• Circonstances de survenue (traumatologie, blast, confinement, ambiance toxique, durée d’exposition, électrisation…).

• Antécédents.

 

ATTENTION :

Une brûlure seule n’est jamais responsable de troubles de conscience avant complications semi-retardées (choc, hypothermie, intoxication gazeuse, intoxication préalable).

 

SITUATIONS

 

Contexte (non exhaustif):

• Flamme.

• Feu environnant : association avec intoxication par les fumées, explosion (syndrome de blast), incarcération, confinement. Il faut alors bien évaluer le mécanisme du traumatisme.

• Projection de liquide chaud (accident domestique : eau bouillante, …).

• Immersion en eau trop chaude.

• Projections de vapeurs.

• Fusion ou maintien d’un liquide causal par les vêtements.

• Electrisation, foudroiement.

 

CRITERES D’INCLUSION

 

 

• Toute brûlure thermique, quel que soit l’agent causal, à tout âge.

• La mesure des surfaces cutanées brûlées intéresse les 2ème et 3ème degrés (cf. fiches techniques).

Exclusion des lésions chimiques

 

CONDUITE A TENIR – REALISATION

 

Participer si besoin, contrôler la bonne réalisation du bilan et des gestes secouristes entrepris et les compléter :

• Sécuriser le site d’intervention.

• Déshabiller et refroidir par de l’eau tiède (15 à 20°C) si nécessaire (avant 10 premières minutes et jusqu’à 10% de SCB) et possible (ne pas insister sur les vêtements adhérents). Ne pas percer les phlyctènes.

• Retirer les bijoux et les bagues.

• En cas de brûlure oculaire retirer les lentilles.

• Relever les paramètres vitaux toutes les 5 minutes, surveillance de la conscience de la saturation en O2 en continu.

• Evaluer le contexte causal et les traumatismes potentiels associés.

• Le conditionnement et les premiers gestes secouristes peuvent déjà avoir une action antalgique. Oxygénothérapie (selon fiche technique N°13) si besoin. S’assurer du réchauffement de la cellule du VSAV.

• Application du protocole douleur en fonction de l’âge et du poids.

• Application du protocole secouriste de soins aux brûlures.

• Rechercher l’heure exacte de la brûlure, qui détermine le terme du 1er remplissage thérapeutique de la 1ère heure.

• Contrôler la température du patient et prévenir le risque d’hypothermie.

 

NB : Il faudra enlever les compresses refroidissantes pour les transports longs (après 15 minutes).

 

Application du protocole :

 

• Protocole adulte :

 

• Si SCB (surface corporelle brûlée) < 15% :

• Pose d’une voie veineuse périphérique hors zone brûlée (protocole 1)

• Mesurer PA, FC, SpO2.

• Si besoin, application des protocoles :

• « Intoxication par les fumées d’incendie ».

• « Etats de chocs ».

• « Douleur chez l’adulte et l’adolescent ».

​

• Si SCB (surface corporelle brûlée) ≥ 15% :

• Pose d’une voie veineuse périphérique avec RINGER LACTATE 500 ml. Débit : 30 ml/kg sur la première heure (Maxi 1000 ml).

• Mesurer PA, FC, SpO2.

• Si besoin, application des protocoles :

• « Intoxication par les fumées d’incendie ».

• « Douleur chez l’adulte et l’adolescent ».

 

• Transmettre, via le CODIS à l’aide du téléphone du VSAV un bilan au CRRA15.

 

IMPORTANT :

• Si SCB > 15%, pas de refroidissement.

• Retrait des compresses à base de gel d’eau au bout de 15 minutes.

• Si SCB > 30%, ne pas utiliser de paracétamol d’emblée.

• Si prolongation des soins d’urgence nécessaire hors intervention médicale au-delà de la 1ère heure : poursuite RINGER LACTATE à 2ml/kg + 2ml/kg/% SBC jusqu’à la huitième heure.

 

​

• Protocole enfant < 15 ans :

 

• Si SCB (surface corporelle brûlée) < 10% :

• Pose d’une voie veineuse périphérique (protocole 1).

• Mesurer PA, FC, SpO2.

• Si besoin, application des protocoles :

• « Intoxication par les fumées d’incendie ».

• « Etats de choc ».

• « Douleur chez l’enfant ».

• Si SCB (surface corporelle brûlée) ≥ 10% :

• Pose d’une voie veineuse périphérique avec RINGER LACTATE 250 ml. Débit : 20 ml/kg sur 1ère heure (cf. fiches techniques).

• Mesurer PA, FC, SpO2.

• Si besoin, application des protocoles :

• « Intoxication par les fumées d’incendie ».

• « Douleur chez l’enfant ».

 

• Transmettre, via le CODIS un bilan à l’aide du téléphone du VSAV au CRRA15.

 

IMPORTANT :

• Si SCB > 15%, pas de refroidissement.

• Si SCB > 20%, ne pas utiliser de paracétamol d’emblée.

• Au-delà de la première heure, par heure : poursuite NaCl à 2ml/kg + 2ml/kg/% de SCB.

• Transmettre le bilan au médecin régulateur

 

 

SURVEILLANCE jusqu’à relais

 

• Evaluation clinique permanente (Neurologique, Respiratoire, Cardiologique).

• Paramètres vitaux toutes les 5 minutes :

  • FV

  • FC

  • PA

  • SpO2

• Signaler toute modification de l’état de la victime par un bilan via le CODIS au CRRA15 à l’aide du téléphone du VSAV.

• Reporter tous les gestes et constantes mesurées sur la fiche bilan SSSM.

 

 

ALGORITHME DECISIONNEL