COUP DE CHALEUR D’EXERCICE DE L’ADULTE
Coup de chaleur
Fiche N°4
Version N°3
Version 20170725
DEFINITION
Le « coup de chaleur » ou « hyperthermie maligne » est la conséquence le plus souvent d’un effort intense et prolongé en ambiance chaude et surtout humide. C’est une urgence vitale majeure dont le traitement doit être débuté dans les 30 à 60 minutes suivant les premiers signes.
Il est dû à une élévation extrême et prolongée de la température centrale ≥ 39°C, avec dépassement des capacités de régulation de l’organisme : régulation centrale atteinte par l’hyperthermie, poursuite de la production calorique et incapacité à la déperdition calorique (hygrométrie > 75%, température ambiante + vêtements chauds et humides, hypersudation non asséchée), concentration sanguine par déshydratation et réhydratation insuffisante.
Il constitue une « intoxication à la chaleur » aboutissant à une défaillance multiviscérale avec souffrance cérébrale, hémorragies cérébroméningées, rhabdomyolyse, insuffisance rénale, hépatique, circulatoire et/ou respiratoire, troubles de la coagulation.
Des facteurs favorisants abaissent le seuil de survenue du phénomène, et/ou inhibent la régulation thermique centrale et les phénomènes adaptatifs d’évacuation calorique :
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Alcool, stupéfiants (cocaïne, amphétamines, ...), caféine, traitement par neuroleptiques, phénothiazines, anticholinergiques, vasoconstricteurs, antihistaminiques…
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Défaut d’acclimatation ou d’entraînement, surmotivation, stress.
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Obésité, diabète, défaut d’hydratation.
FORME de DEBUT (hyperthermie simple, coup de chaud) :
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Céphalées, température > 38°C et < 39°C.
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Troubles du comportement (irritabilité, confusion). Si troubles de conscience = forme grave.
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Crampes musculaires diffuses.
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Nausées, vertiges.
CRITERES D’INCLUSION ET DE GRAVITE :
Température ≥ 39°C, hypersudation au début puis peau sèche, téguments rouges et chauds, voire brûlants, muqueuses sèches.
AVEC AU MOINS L’UN DES SIGNES SUIVANTS :
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Collapsus (PAS < 80 mm Hg et PAD basse), tachycardie.
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Tension douloureuse des masses musculaires.
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Troubles du comportement, troubles de conscience : constants +++.
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Polypnée > 30/min, parfois œdème pulmonaire.
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Si conscient : Céphalées, soif intense.
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Si inconscient : Convulsions possibles à tout instant.
Critères annexes :
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Vomissements, diarrhée, ictère.
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Oligo-anurie.
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Saignement au point de ponction veineuse de perfusion.
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Antécédents pathologiques associés, âges extrêmes.
CRITERES D’EXCLUSION :
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Tout malaise sans notion d’activité physique
ATTENTION : l’existence d’un épuisement dû à la chaleur avec tachycardie, hypotension, céphalées, vertiges, douleurs musculaires diffuses, température > 38°5C doit alerter sur la possible installation d’une hyperthermie maligne, différente d’une simple insolation.
SITUATIONS
Contexte (non exhaustif) :
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Exercice sportif individuel ou compétition d’endurance.
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Travail en milieu clos non aéré et non rafraîchi (canicule + cabine de conduite, sous toiture ou en tenue étanche).
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Effort prolongé en tenue étanche ou confinante (sapeurs-pompiers).
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Activité prolongée en ambiance chaude et humide (par exemple : une température > 25°C suffit, ou une hygrométrie > 75%) avec absence de vent et vêtements.
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Traitement favorisant avec effort apparemment peu important.
Participer si besoin et contrôler la bonne réalisation du bilan et des gestes secouristes entrepris.
Action secouriste :
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Mettre à l’ombre dans un endroit frais et aéré, ventilateur si nécessaire (le VSAV n’est donc pas le lieu de premier choix sauf si climatisation en marche).
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Déshabillage (ne pas conditionner en matelas coquille) et refroidissement par :
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Arrosage par large brumisation ou linges humides frais à renouveler fréquemment avec essuyage régulier ; mains et avant-bras dans les seaux remplis d’eau fraiche lors du soutien aux opérations.
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Poches de froid aux plis inguinaux et au cou (gros troncs vasculaires).
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Le conditionnement (oxygène si besoin, ½ assis si conscient sinon PLS, …).
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Les paramètres vitaux (conscience, ventilation, pouls, SpO2) et surtout prise de température toutes les 5 minutes, monitorage.
CONDUITE A TENIR – REALISATION
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Le conditionnement et les premiers gestes secouristes peuvent déjà avoir une action positive. S’assurer du refroidissement de la cellule sanitaire de transport. Poursuite de la surveillance / 5 minutes, tracé ECG.
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Evaluer le contexte causal et les pathologies potentielles associées.
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Evaluer l’état de conscience de la victime, si conscient : ne pas administrer d’aspirine ou d’AINS (risque hémorragique) ni de paracétamol (insuffisance hépatocellulaire aiguë).
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Application du protocole :
Si forme de début (température 38°C à 38,9°C) :
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Victime civile :
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Mise au repos absolu, décubitus dorsal ou à défaut ½ assis; déshabillage.
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Refroidissement, réhydratation à volonté par petite quantité en l’absence de trouble de la conscience, de trouble digestif, à raison de ½ litre par 30 minutes au minimum.
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Transmettre via le CODIS un bilan au CRRA15.
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En soutien aux opérations :
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Mise au repos absolu, décubitus dorsal ou à défaut ½ assis; déshabillage.
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Refroidissement par trempage + réhydratation à volonté par petite quantité en l’absence de trouble de la conscience et/ou digestif, à raison de ½ litre par 30 min au minimum.
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Surveillance pouls, T°, HbCO (si < 7% : pas de mesure ultérieure, si > : protocole n°9), si P > 110 et ou T° > 38,5°C rajouter surveillance de l’Hb ; toutes les 20 minutes.
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Retour en mission
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si pouls < 110 et température < 38°C
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et si delta Hb < 0,7 (valeur de référence en l’absence de valeur initiale Hb
17,5 gr/dL pour ♂, 15,5 gr/dL pour ♀).
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Transmettre via le CODIS un bilan au médecin d’astreinte si pas de retour en mission possible au bout de 40 minutes.
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Si coup de chaleur (T° ≥ 39°C) :
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S’assurer de la continuité du refroidissement, mesure des paramètres vitaux et de la température axillaire en VSAV ou buccale en SSO, toutes les 5 minutes.
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Réaliser une glycémie capillaire ; en cas d’hypoglycémie : protocole n°2
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En cas de convulsions : protocole n°4
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O2 si besoin (fiche technique N°13).
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Surveillance continue de la fréquence cardiaque, monitorage (avec ECG 18D en SSO) dès que possible (après début du remplissage en l’absence de douleur thoracique).
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Pose d’une voie veineuse périphérique (protocole 1) avec 500 ml de NaCl 0,9% : 500 ml sur 10 min.
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Puis à T10 si > 39°C et ou 38,5°C avec signes de gravité : 500 ml sur 10 min.
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Puis à T20 : poursuite du remplissage avec au maximum 2 litres pour un objectif de PAS > 90 mm Hg.
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Ne pas faire boire si trouble de la conscience, agitation, nausées, vomissements.
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Victime civile :
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Transmettre, via le CODIS un bilan à l’aide du téléphone du VSAV au CRRA15 avec les paramètres vitaux, à T0, à T + 5 et à T + 10 minutes.
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En soutien santé aux opérations :
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Transmettre via le CODIS à l’aide du téléphone du VSAV en composant le 18 un bilan au médecin d’astreinte
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Si pas d’hospitalisation, en accord avec le COS, retour à domicile avec poursuite du repos absolu 24h, pas de retour opérationnel sur l’intervention.
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SP inapte opérationnel jusqu’à examen médical.
OBJECTIF THERAPEUTIQUE
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Il s’agit de recouvrer au moins une conscience normale puis une amélioration des autres troubles neuromusculaires éventuels.
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Faire descendre la température centrale au moins à 38°C.
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A 38°C : arrêter les manœuvres de refroidissement (hypothermie décalée par inertie).
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La réélévation de la température justifie la reprise des manœuvres de refroidissement dans les mêmes conditions.
SURVEILLANCE jusqu’à relais
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En soutien aux opérations : utiliser la « Fiche de surveillance des sapeurs-pompiers en opération »
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Evaluation clinique permanente (Neurologique, Respiratoire, Cardiologique).
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Paramètres vitaux toutes les 5 minutes :
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FV
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FC
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PA
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SpO2
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Signaler toute modification de l’état de la victime par un bilan via le CODIS à l’aide du téléphone du VSAV au CRRA15, ou en composant le 18, au médecin d’astreinte.
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Reporter tous les gestes et constantes mesurées sur la fiche bilan SSSM.